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Guerre de l’eau en Bretagne : razzia des pollueurs sur l’eau pure.

dimanche 13 janvier 2008

Pour échapper à l’amende européenne pour pollution de l’eau en Bretagne les ministres de l’agriculture et de l’environnement on décidé de fermer un certain nombre de captages dont celui de l’Horn dans le Nord-Finistère. Où aller chercher l’eau ? Chez les voisins mais chutt... ne le dites surtout pas.

Rappel des chapitres précédents.

Mardi 27 février 2007 au matin, les militants brestois de l’Association "Eau et Rivières de Bretagne" découvrent leur local saccagé. Sur le mur un bombage menaçant de mort le président de S-eau-S, adhérent de l’association et membre du Comité National de l’Eau. Déjà le Vendredi 23 février le local de Eau et Rivières de Guingamp avait fait l’objet d’une effraction. A Brest le saccage est signé. La gendarmerie a repéré dans la nuit une cinquantaine d’agriculteurs réalisant des bombages sur les panneaux routiers, près de Landerneau, de l’échangeur de la voie express menant à Brest. Bombages explicites à l’encontre des associations de protection de l’environnement avec menaces nominales de mort.

La raison ? Depuis de nombreuses années les rivières du Nord Finistère sont lourdement polluées. Lassés de voir le problème régulièrement classé par les pouvoirs publics français, les militants de "Eau et Rivières de Bretagne" s’étaient adressés, en 1992, à la Commission Européenne, sous forme d’une plainte pour nous respect des normes concernant l’eau potable, les seules normes existant à l’époque. Il se trouvait en effet que plusieurs captages d’eau de surface auraient dû être fermés car traitant une eau dont la teneur en nitrates était supérieure à 50mg/l.

Il a fallu 15 ans pour que, de recul en recul, la menace de sanction se précise. Aujourd’hui, Bruxelles constate que, malgré les menaces successives, 9 captages sont encore en infraction lourde.Ce qui est en jeu c’est une amende dont les chiffres varient suivant les sources. Les plus pessimistes parlent de 38 millions d’euros suivis d’une astreinte de 43 millions d’euros par trimestres d’infraction. Ce qui ferait de l’ordre de 120 millions d’euros par an. Or les plus optimistes n’envisagent pas un retour aux normes avant dix ans, faites le calcul !

Réponse des lobbies de l’agro-industrie : cassons de l’écolo !

Réponse des ministres : cassons le thermomètre et fermons les captages concernés !

Bruxelles et Paris complices

Se voir condamnés à payer en pleine campagne présidentielle ? Pas question devaient décider les ministères de l’agriculture et de l’écologie. Et les deux ministères de concocter un remède de cheval à administrer aux seuls bretons et qui pourrait satisfaire les juges de Bruxelles : les captages de Plouénan, dans le Finistère, et dans trois communes des Côtes d’Armor, à Binic, Montours et Pleudaniel seront fermés.

Où aller chercher l’eau nécessaire ? Chez les voisins et en particulier sur l’Elorn qui alimente déjà 300 000 habitants et en particulier l’agglomération brestoise.

Quand le lobby cherche à imposer le silence par la force.

22 mars 2007. Journée mondiale de l’Environnement. Les associations bretonnes de protection de l’environnement avaient décidé d’un rendez-vous symbolique sur le lieu, Goasmoal, d’où risquait de partir l’interconnexion entre la rivière Elorn.

En cet endroit se trouve l’usine qui alimente Landivisiau. Elle est située en amont de la ville et des fortes sources de pollution constituées par la ville elle même et par les abattoirs et autres industries agro-alimentaires du secteur. L’eau y est encore de bonne qualité. La pollution séreuse commence après la ville. Y puiser de l’eau pour alimenter des secteurs qui ont refusé de protéger leur ressource serait un véritable scandale mais aussi une catastrophe pour la rivière.

Mais nous n’étions pas seuls !

Malgré l’heure (15 heures), le jour, l’éloignement et le crachin breton, nous étions une petite centaine au rendez-vous.

Premier bémol : les gendarmes présents à l’arrivée des premiers participants s’adressent à eux pour un contrôle d’identité auquel il leur sera répondu par un humour qui les fera renoncer. Les journalistes de FR3 sont elles mêmes soumises au même interrogatoire.

contrôle d’identité sélectif Cela évidemment ne nous perturbe pas, nous en avons vu d’autres, et l’information a lieu comme prévu.
Pendant ce temps et insensiblement un groupe d’invités s’est formé de l’autre côté du pont qui franchit l’Elorn. Des jeunes pour la plupart avec à leur tête un producteur porcin, que l’on peut qualifier de gros au regard de son exploitation. Tous ont sur la tête une étrange casquette qui donne au groupe une allure inquiétante au moment où il s’avance vers les militants associatifs.

Venus pour débattre ? La provocation est évidente. Avec eux des panneaux, sans signature mais réalisés par des "pros" qui développent l’idée que les écologistes sont les responsables de tous leurs maux. Sur l’un Eau et Rivières est accusée "d’euthanasier les paysans".


La courte manifestation prévue jusqu’à l’usine de pompage d’eau à lieu mais le retour est bloqué par le même groupe mené cette fois par deux maires du secteur. L’attitude molle de la gendarmerie pour aider les associations à quitter les lieux est évidente et il faut tout le calme des associatifs pour tout se termine dans le calme.

Le journal télévisé de FR3 rendra bien compte de cette ambiance et de l’ambiguïté des forces de l’ordre.

Les voleurs d’eau agissent masqués.

Chacun se demandait comment allait s’organiser cette razzia sur l’eau pure. Une enquête publique aurait lieu, il fallait s’y préparer.

10 décembre 2007. C’est fait ! Une enquête publique est annoncée pour une durée de 30 jours. Nous sommes habitués aux enquêtes en pein été mais là c’est encore plus fort : à cheval sur Noël et premier de l’an. Le lieu aussi est particulier : les dossiers ne sont consultables que dans les deux petites communes sur lesquelles sont situées le captage.

Les associatifs sont gens obstinés, ils vont donc consulter le dossier dans le minuscule bureau de la petite commune de Locmélar, et là surprise !

On leur présente des dossiers qui se présentent comme concernant la "protection du captage". Il faut les étudier attentivement pour y découvrir une chemise portant sur une demande de prélèvement supplémentaire.

En gros il y est dit que le syndicat des eaux de Landivisiau souhaite augmenter son prélèvement d’eau des 2/3. C’est à dire passer de 6000 mètres cubes par jour à 11000 mètres cubes par jour.

Justification officielle ? Le syndicat des eaux de Landivisiau souhaite fermer un captage pollué. Il a donc besoin d’une nouvelle ressource.

Mais ce capatage ne lui fournissait que 100 mètres cubes pas jour. Est-il donc logique que pour le remplacer on demande un nouveau prélèvement de 5000 mètres cubes/jour. On est dans la période des miracles : c’est celui de la multiplication par 50 des mètres cubes.

Dans ce dossier l’Horn et ses besoins en eau n’est pas signalé. Il aura fallu l’insistance d’une journaliste de FR3 pour arracher un semi aveu : oui on leur en vendra... de temps en temps... à la demande...

Naturellement les associations ne sont pas dupes (voir en pièce jointe le communiqué de S-eau-S et le mémoire déposé) et envisagent une réaction.

affaire à suivre donc.


Communiqué de S-eau-S

Oui au maintien de l’usine de traitement de l’eau sur l’Horn. Non au prélèvement supplémentaire sur l’Elorn par le syndicat de Landivisiau.

On se souvient que pour échapper à une amende de la part de la Commission Européenne, l’Etat français a décidé de fermer l’usine de production de l’eau de l’Horn. Une enquête publique est actuellement en cours dans les communes de Locmélar et Loc-Eguiner pour autoriser une augmentation du prélèvement d’eau à Goasmoal.

La demande est faite par le "Syndicat Mixte Intercommunal de Production et d’Eau Potable de la Région de Landivisiau" qui justifie sa demande d’augmentation de prélèvement par sa volonté de : "pallier l’abandon des autres ressources propres du SMI et surtout de subvenir, à lui seul, aux besoins de sécurité des collectivités voisines."

Non à la Marchandisation de l’eau de l’Elorn.

La lecture du dossier montre qu’aucune considération locale ne le justifie. En réalité le SMI de Landivisiau sort de son rôle. Il se comporte en "marchand d’eau" prélevant une ressource qui ne lui appartient pas pour la vendre aux communes du syndicat de l’Horn qui n’ont pas fait le choix de protéger leur propre ressource. Ce faisant il accepte de servir de paravent à l’Etat responsable de la situation.

Notre position :

Nous demandons le maintien des captages et de l’usine de traitement des eaux sur l’Horn. Cette fermeture a été demandée pour des raisons qui n’ont rien à voir avec la santé publique. L’eau dans la rivière est certes de mauvaise qualité. Pour autant l’eau délivrée par l’usine, après traitement, répond aux normes officielles. La fermeture n’a pas été décidée par les collectivités locales concernées. Elle n’a pas été demandée par la Commission Européenne. Elle a été exigée par le gouvernement pour échapper à une amende qui serait venue sanctionner le laxisme de l’Etat. Nous ne pouvons accepter que l’Etat refuse d’assumer ses responsabilités en organisant une dangereuse et coûteuse fuite en avant. L’usine et les captages sur l’Horn doivent être maintenus.

Nous refusons l’augmentation du prélèvement à Goasmoal. Avec ou sans le maintien de l’usine sur l’Horn, un prélèvement supplémentaire sur l’Elorn pour alimenter les zones polluées est inacceptable. L’Elorn ne peut devenir la seule ressource de l’essentiel du Nord Finistère ! L’eau de l’Elorn ne doit pas payer le prix du laxisme de l’Etat.

Nous demandons un plan volontariste de récupération de la qualité de l’eau dans l’environnement. Un plan qui, en priorité, ramènera la qualité de l’eau dans l’Horn et dans l’Aber Wrac’h et permettra le maintien des deux usines installées sur ces rivières. Un plan qui s’étendra à l’ensemble du bassin versant avec l’objectif de respecter le Directive Cadre Européenne dès 2015.

Nous invitons les communes du syndicat de Bassin de l’Horn à se mobiliser pour le maintien de leur captage et de leur usine et pour la récupération de la qualité de l’eau dans leur environnement.

Nous invitons toutes les collectivités concernées par la gestion de l’eau de l’Elorn à s’opposer à ce prélèvement à Goasmoal.

Nous invitons chacune et chacun à consulter le dossier d’enquête publique et à y consigner ses remarques jusqu’au 15 janvier aux mairies de Locmélar et Loc-Eguiner.

Pour l’association S-eau-S, Gérard Borvon


Mémoire déposé par l’association S-eau-S

Enquête publique usine de traitement de l’eau de Goasmoal

Sur la présentation du dossier et l’information du public :

Nous regrettons de voir à nouveau associer deux problèmes qui, même s’ils sont liés à la même usine, auraient pu être traités séparément. A savoir :

-  La protection de la prise d’eau dans l’Elorn.
-  La demande d’augmentation du prélèvement.

En effet chaque point est suffisamment important pour être traité à part et en toute clarté et il est à craindre que le dossier "protection", pour l’essentiel consensuel, soit l’occasion de masquer le dossier "prélèvement" qui est loin de l’être.

La confusion est-elle intentionnelle ? On peut s’interroger quand on constate que toutes les couvertures des dossiers présentés ne présentent que la mention imprimée "Protection". Il en est de même pour les chemises contenues dans ces dossiers.

Une enquête publique doit avoir pour principe de faciliter l’information du public. Le dossier ici présenté est loin de répondre à ce critère.

Il est d’ailleurs regrettable que sur un sujet aussi important qu’un prélèvement supplémentaire sur l’Elorn aucune réunion d’information publique n’ait été organisée.

Nous regrettons également le fait que ce dossier n’ait été consultable que dans deux communes. En effet le problème de la qualité de l’eau dans l’Elorn et surtout celui d’un prélèvement supplémentaire concerne la totalité des communes riveraines de l’Elorn et des utilisateurs de l’eau de cette rivière.

D’autre part, un SAGE Elorn est en cours d’élaboration. Quel serait le sens de cette démarche si on permet à un opérateur particulier, à savoir le SMI de Landivisiau, d’augmenter son prélèvement sans qu’il soit tenu compte de l’incidence de cette opération sur l’ensemble du bassin versant. Accepter ce prélèvement reviendrait à nier totalement la démarche du Schéma d’Aménagement et de Gestions des Eaux mené sur l’Elorn.

Sur le dossier prélèvement :

Le SMI de Landivisiau justifie sa demande d’augmentation de prélèvement de 300 à 500m3/h soit de 6000 m3 à 10 000 m3 par jour par la phrase suivante :

"La décision d’augmenter le prélèvement dans l’Elorn à 500m3 par heure prend en compte la bonne qualité de l’eau à Goasmoal ainsi que les disponibilités quantitatives, capables de pallier l’abandon des autres ressources propres du SMI et surtout de subvenir, à lui seul, aux besoins de sécurité des collectivités voisines."

Sur la qualité de l’eau à Goasmoal :

S’il est vrai qu’elle est relativement bonne, cette qualité ne pourrait qu’être un encouragement à la préserver. Prélever de l’eau de qualité correcte pour alimenter les secteurs qui n’ont pas voulu protéger leur ressource est un encouragement à la pollution. Voire même une prime accordée aux pollueurs car on vivra alors la situation paradoxale de zones fortement polluées alimentées par une eau de bonne qualité prélevée chez les voisins.

Sur l’abandon des autres ressources propres du SMI de Landivisiau :

Il est inacceptable de lire, concernant le captage du Pérennou "Le captage sera abandonné définitivement après l’achèvement des travaux de l’usine de Goasmoal. La mise en place des périmètres de protection nécessitant le déplacement d’une exploitation agricole". Aussi bien la récente loi sur l’eau que l’ensemble des directives européennes fait obligation aux communes de protéger leurs captages. On ne peut dans le même temps demander l’autorisation d’un prélèvement supplémentaire sur la rivière et annoncer la fermeture d’un captage. L’argument de la nécessité de déplacer une exploitation agricole n’est pas recevable. Des dispositions peuvent être prises, y compris sous forme d’aide financière, pour permettre une agriculture non polluante à proximité d’un captage. Les exemples de réussite en ce domaine ne manquent pas.

D’autre part une stricte application de la directive cadre européenne qui exige le retour à un bon état écologique des ressources en eau pour 2015 devrait permettre d’ouvrir à nouveau des captages abandonnés depuis 2002 (ressources souterraines et Penguilly).

Sur l’évolution des besoins du SMI de Landivisiau :

Les tableaux joints révèlent une stabilité de la population (+0,23% par an). Des tableaux sur l’évolution de la consommation en eau auraient été utiles. Cependant nous savons que, en moyenne générale, la consommation des utilisateurs domestiques comme celle des utilisateurs industriels est en baisse régulière sur la même période. L’augmentation demandée de 67% du prélèvement n’a donc pas pour objectif de répondre à une augmentation des besoins locaux qui n’existent pas.

Sur le besoin de "sécurité des collectivités voisines" :

Sur ce point qui est, en réalité, celui nécessitant cette augmentation de prélèvement, la note explicative est totalement muette. Quelles sont ces communes ? Quel est leur besoin ?

Ce qui devrait constituer l’essentiel du dossier en est absent : à savoir la fermeture de l’usine de l’Horn !

C’est cette question qui aurait dû être au centre de l’enquête publique. En effet il est clair que l’expression " subvenir, à lui seul, aux besoins de sécurité des collectivités voisines" concerne essentiellement celles du syndicat de l’Horn dans le cadre du protocole d’accord "signé entre l’Etat, le syndicat mixte de production et de transport de l’eau de l’Horn, le syndicat à vocations multiples de Morlaix et le SMI de Landivisiau" par lequel " L’état s’est engagé à financer à 80% les dépenses directement liées à la fermeture de la prise d’eau de l’Horn et à compléter jusqu’au même niveau les aides que pourrait obtenir le syndicat mixte de Landivisiau pour les travaux d’extension de son usine de traitement de Goasmoal" (page 15 de la note explicative).

De nombreuses interrogations demeurent donc concernant cette fermeture. Entre autres :

-  Quelles nouvelles ressources seront mises à contribution ? L’Elorn seule ou d’autres sources ?
-  Quelles mesures sont prises sur l’Horn pour un retour rapide à la normale exigé par la commission européenne.
-  Peut-on espérer une remise en marche proche de l’usine sur l’Horn après sa fermeture et si oui, comme cela est souhaité et nécessaire, est-il raisonnable d’investir plus de 5 millions d’euros dans l’aménagement d’une usine pour un usage qui ne devrait être que temporaire.
-  L’interconnexion entre l’Elorn et l’Horn avait été déclarée comme interconnexion de sécurité. Que deviendra cette "sécurité" quand l’usine sur l’Horn aura été fermée ? Une récente pollution par les hydrocarbures a révélé la fragilité du captage de Goasmoal, que devient l’approvisionnement du SMI de Landivisiau en cas de pollution majeure quand l’usine sur l’Horn aura été fermée.

Le SMI de Landivisiau sort de son rôle.

Le syndicat mixte intercommunal de production d’eau potable de la région de Landivisiau n’a pas pour vocation d’être un "marchand d’eau" prélevant une ressource qui ne lui appartient pas pour la vendre aux communes voisines qui n’ont pas fait le choix de protéger leur propre ressource.

Un syndicat des eaux a pour vocation l’approvisionnement en eau des communes qui le composent. L’Etat ne peut masquer ses responsabilités en encourageant un syndicat des eaux à se comporter comme un "marchand d’eau".

L’Etat ne peut inviter un syndicat des eaux à ruiner tous les efforts entrepris pour construire un SAGE cohérent sur le bassin de l’Elorn.

Le syndicat des eaux de Landivisiau ne peut accepter le rôle de "paravent" que l’Etat lui demande d’assumer.

Notre position. Oui au maintien de l’usine et des captages sur l’Horn. Non au prélèvement supplémentaire sur l’Elorn.

Nous refusons la fermeture de l’usine de traitement des eaux sur l’Horn. Cette fermeture a été demandée pour des raisons qui n’ont rien à voir avec la santé publique. L’eau dans la rivière est certes de mauvaise qualité. Le traitement n’est pas une solution soutenable. Pour autant l’eau qu’elle délivre, après traitement, répond aux normes officielles. La fermeture n’a pas été décidée par les collectivités locales concernées. Elle n’a pas été demandée par la Commission Européenne qui exigeait simplement l’application des lois concernant la protection de la ressource en eau. Elle a été demandée par le gouvernement pour échapper à une amende qui serait venue sanctionner le laxisme de l’Etat. Nous ne pouvons accepter que l’Etat refuse d’assumer ses responsabilités en organisant une dangereuse et coûteuse fuite en avant. L’usine et les captages sur l’Horn doivent être maintenus.

Nous refusons l’augmentation du prélèvement à Goasmoal. Avec ou sans le maintien de l’usine sur l’Horn, un prélèvement supplémentaire sur l’Elorn pour alimenter les zones polluées est inacceptable. L’Elorn ne peut devenir la seule ressource de l’essentiel du Nord Finistère ! L’eau de l’Elorn ne doit pas payer le prix du laxisme de l’Etat.

Nous demandons un plan volontariste de récupération de la qualité de l’eau dans l’environnement. Un plan qui, en priorité, ramènerait la qualité de l’eau dans l’Horn et dans l’Aber Wrac’h et permettrait le maintien des deux usines installées sur ces rivières. Un plan qui s’étendrait à l’ensemble du bassin versant avec l’objectif de respecter le Directive Cadre Européenne dès 2015.

Landerneau le 9 janvier 2008
Pour l’association SeauS, Gérard Borvon, Président.


Voir l’intreview de Gérard Borvon par FR3 Iroise.

Reportage France 3 Iroise 10/01/08

Le Queffleuth est l’autre rivière menacée. Là aussi les associations réagissent.

Sauvons le Queffleuth !

un communiqué de Camille Rigaux, président d’Eau et rivières de Bretagne, d’Yves Marie Le Lay, président de Sauvegarde du Trégor, de Michel Marzin, porte-parole des Verts du pays de Morlaix

samedi 20 octobre 2007

La fermeture programmée du captage de l’Horn, due à la pollution excessive de cette rivière, conduit les pouvoirs publics à rechercher des ressources alternatives. C’est ainsi qu’ils envisagent d’utiliser l’eau du Queffleuth pour alimenter les 40 000 consommateurs du syndicat de l’Horn. Cette perspective ne peut laisser sans réaction tous ceux qui se soucient d’écologie.

Les consommateurs d’eau abusés

A la fin des années 90, les consommateurs d’eau de Morlaix et de Saint-Martin ont payé (très cher) pour interconnecter leur réseau avec celui de l’Horn au nom de la « sécurité » . Ce projet était soutenu activement par les services de l’Etat. Les écologistes s’y étaient opposés en soulignant la mauvaise qualité de la ressource en eau de l’Horn. Pour sécuriser l’approvisionnement de la ville et réduire le prélèvement sur le Jarlot, ils suggéraient d’utiliser l’eau du Queffleuth. La situation actuelle leur donne raison : Quel bénéfice les consommateurs morlaisiens retireront-ils d’une interconnexion avec une prise d’eau fermée ?Quant aux consommateurs du syndicat de l’Horn, ils ont eux aussi payé cher pour des équipements désormais en grande partie inutiles.

L’incohérence de l’Etat

L’Etat s’inquiète aujourd’hui de l’impact de la pisciculture de Traon Querret (groupe Aquadis) sur le Queffleuth : son activité pose un problème de qualité dans l’hypothèse d’une prise d’eau en aval (rejets en phosphore et en ammoniac) et surtout de quantité dans l’hypothèse d’une prise d’eau en amont ou en aval. Le Préfet a pourtant accordé à cette pisciculture une autorisation d’extension très importante à la fin des années 90, malgré l’opposition des élus locaux, qui soulignaient que son extension compromettrait la réalisation d’une prise d’eau sur le Queffleuth.

Le Queffleuth asséché

Les pêcheurs de l’Elorn sont montés au créneau pour défendre leur rivière et dénoncer d’éventuels transferts d’eau vers l’Horn. Ils craignent à juste titre que ces transferts ne constituent une perturbation hydrographique majeure (l’eau prélevée étant rejetée sur un autre bassin versant) et qu’ils ne portent atteinte à la vie piscicole. Sur le Queffleuth, les risques sont de même nature ... avec une ampleur encore plus importante puisqu’il n’y a pas l’équivalent du barrage du Drennec, qui permet d’assurer un soutien d’étiage sur l’Elorn.

En période de basses eaux, les besoins d’approvisionnement du syndicat de l’Horn, ajoutés au prélèvement de la pisciculture de Traon Querret, vont donc assécher littéralement la rivière et compromettre gravement la présence d’espèces emblématiques comme le saumon. Et on peut d’ores et déjà annoncer que la loi sur le débit réservé ne pourra pas être respectée.

Réaliser une prise d’eau sur le Queffleuth pour répartir le prélèvement d’eau de l’agglomération morlaisienne entre deux rivières, c’était – et cela reste – une idée pertinente. En revanche, régler les problèmes de pollution de l’Horn par des transferts massifs d’eau provenant du Queffleuth est inacceptable.

La seule réponse écologiquement responsable passe par la reconquête de la qualité de l’eau de la rivière Horn et des nombreux captages sous-terrains qui ont été fermés sur le bassin versant. Beaucoup de retard a été pris, notamment parce que les élus de l’Horn ont refusé à deux reprises, en 1998 et en 2000, la création d’un SAGE qui aurait permis de planifier cette reconquête. Celle-ci implique un changement radical de modèle agricole, et c’est là la seule voie conforme aux principes du développement durable.

Camille Rigaux, président d’Eau et rivières de Bretagne,
Yves Marie Le Lay, président de Sauvegarde du Trégor,
Michel Marzin, porte-parole des Verts du pays de Morlaix


Réunion du CODERST ( conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques) du Finistère le jeudi 17 Avril 2008

Il faudra suivre attentivement la décision qui y sera prise.

Dans le rapport de l’enquête publique qui sera un des éléments du choix, on peut lire, en particulier, la contribution de la commune de Loc Mélar.

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Rapport enquête publique

Le maire de cette petite commune de moins de 500 habitants, que nous avions rencontré, nous avait fait part des efforts de son conseil pour protéger ses propres captages. Il avait donc du mal à accepter les contraintes qui allaient être imposées à sa commune pour pallier au laxisme de la commune de Landivisiau et des communes du syndicat de l’Horn qui avaient laissé dégrader leur ressource. L’avis diu conseil est parfaitement explicite.

Le conseil municipal de LOCMELAR a émis l’avis suivant sur l’opération projetée :

"Le Conseil Municipal constate que les collectivités locales de la commune et du syndicat des eaux de Locmélar – Saint Sauveur ont fait de lourds efforts pour protéger leurs ressources propres d’alimentation en eau par la mise en place des périmètres de Kernonen-Kersco, la construction d’un réseau d’assainissement collectif au Bourg, aux alentours et à Kernonen, la création de stations de traitement d’eaux usées en complément du service d’assainissement non collectif.

Le Syndicat Mixte Intercommunal de production et de transport d’eau potable de la région de Landivisiau a pour sa part abandonné ses ressources : Kerven en 1999, Vernic en 2000, Penguilly en 2002, Pérennou ensuite.

Le territoire de Locmélar est lourdement touché par les différentes mesures de protection de la ressource d’eau potable :

-  plus de 180 hectares de terres, 12 % de la superficie communale dans les périmètres,

-  cinq sièges d’exploitations agricoles viables (la moitié des exploitations de la commune),

-  une charcuterie artisanale pourvoyeuse de taxe professionnelle pour la C.C.P.L.,

-  3,7 hectares de zone constructible sur 8 dans le P.P.R.2 prévus dans la D.U.P.,

-  Le cimetière faisant partie de l’enclos paroissial classé aux Monuments Historiques ne pourrait pas être étendu à proximité.

L’impression est qu’une nécessaire solidarité est comprise par certains d’abord dans un rapport de dépendance de collectivités moins peuplées, moins équipées en services publics par rapport à d’autres plus peuplées, plus équipées et plus riches en moyens financiers.

Le conseil demande :

-  qu’un réel effort d’indemnisations soit établi pour développer de façon harmonieuse le territoire tout entier de la C.C.P.L., y compris sur le territoire de Locmélar en termes d’urbanisme, de vie agricole, de tourisme et de vie sociale, comme d’environnement,

-  que la place Saint Mélar et l’enclos paroissial ainsi que l’espace possible pour l’extension du cimetière : parcelles A n° 1901, 1902(ex A 779) soient exclues du PPR2 dans la mesure où ils sont en limite de celui-ci,

-  de la même façon que l’espace constructible dans la carte communale et compris dans le PPR2 en soit exclu du fait de l’existence de l’assainissement collectif dans ce secteur,

-  que l’autorisation de prélèvement supplémentaire n’amène pas à alimenter de façon continue d’autres collectivités liées par convention en cas de crise comme le syndicat de l’Horn par exemple,

-  qu’il soit tenu compte d’éléments de négociations dans l’acquisition de terrains pour la mise en place de la station d’eaux usées de Liorzou, à savoir que la réalisation d’un éventuel forage dans la parcelle A n° 462 Foennec ar Vilin dans le PPR 2 soit possible administrativement ou qu’une solution équivalente soit trouvée y compris par des indemnités. »

Nous avons titré l’ensemble de cet article : razzia des pollueurs sur l’eau pure. La position du conseil municipal de Locmélar confirme que le terme n’est pas exagéré.

Le pire est que, comme d’habitude, ce dossier va passer comme une lettre à la poste. Pas un seul représentant de l’administration n’y trouvera à redire.

Pourquoi devrions nous ensuite demander aux maires des petites communes du secteur de protéger leur captage ? Faites comme à Landivisiau, branchez vous sur l’Elorn et laissez nous polluer en paix leur diront les gros producteurs de leur commune !


Publié par le Télégramme

Eau. L’Horn fermé des élus réclament un débat

Le captage d’eau de l’Horn fermera en juin 2009. Un nouveau captage de substitution est prévu sur Coat Toulzac’h, un affluent de la Penzé. Des élus contestent cette décision.En septembre, Bruxelles prenait la décision de fermer le captage d’eau de l’Horn dès juin 2009. Conséquence directe : 12.000 m³ d’eau par jour qui feront défaut en période de pointe, pour alimenter les cantons de Taulé, Plouzévédé, Plouescat et Saint-Pol. Après avoir évoqué le montage d’un pompage de substitution au Queffleuth, l’administration change d’orientation et opte, le 15 avril, pour la création d’une nouvelle prise d’eau à Coat Toulzac’h, un des affluents de la Penzé. Le syndicat des eaux de la Penzé, qui représente les communes de Saint-Thégonnec, Pleyber-Christ, Guiclan et Sainte-Sève, n’approuve pas ce choix. Son président, Yvon Pouliquen, s’explique.

« Un choix très risqué »

« Le fait de pomper exclusivement sur Coat Toulzac’h soulève de nombreuses interrogations. Lorsque la Penzé ne recevra plus toute cette eau de qualité provenant de Coat Toulzac’h, quelles vont être les conséquences sur le milieu agricole, les activités conchylicoles ? Nous pensons qu’il est extrêmement risqué d’investir de l’argent sur un seul site. Allons-nous faire la même erreur que sur l’Horn ? Il serait plus sage de s’orienter vers une répartition du captage entre le Queffleuth et Coat Toulzac’h. Et de partager ainsi les risques ». Les quatre maires des communes concernées souhaitent porter ce débat sur la place publique. Ils dénoncent le fait de ne pas avoir été concertés. Et pour cause : l’étude préalable au choix de la prise d’eau sur le Queffleuth aboutissant sur un protocole d’accord du 6 septembre 2007, ne les concernait pas géographiquement. « Nous demandons que les principes inscrits dans ce protocole continuent de s’appliquer. Ce qui n’est pas le cas. À savoir le respect d’une "vraie logique de territoire, seule capable d’appréhender globalement la problématique de la gestion des ressources en eau de façon pérenne". Et également, "développer les interconnexions entre les différentes unités de production" ».

« Nous sommes isolés »

« Avec ce nouveau projet, nous nous retrouvons aujourd’hui totalement isolé en terme d’alimentation globale de l’eau. Nous ne sommes interconnectés avec personne. Vers qui se tourner si nous rencontrons un problème ? », poursuit Yvon Pouliquen. Mais le captage sur Plourin pose des problèmes notamment pour la pisciculture Aquadis, située le long du Queffleuth. Une installation de pompage à proximité diminuerait dangereusement la ressource. « En maintenant les activités piscicoles de Plourin-lès-Morlaix, l’intérêt privé a supplanté l’intérêt collectif », déplore Yvon Abiven.