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L’Enseignement Mutuel. L’école de Monsieur Toupinel.

mardi 12 décembre 2017, par Gérard

L’Enseignement Mutuel a été la grande affaire du début du 19ème siècle. Sous le titre "Pages de la vie d’enfance. L’Ecole de Monsieur Toupinel", Max Radiguet nous fait vivre de l’intérieur l’enseignement dans l’une des premières créées en Bretagne : celle dont il a suivi l’enseignement dans sa ville natale, Landerneau.



L. LAURENT-PICHAT

Cher Poète,

Votre amicale persuasion naguère m’entraînait à écrire ces pages de la vie d’enfance. –Je les fais imprimer aujourd’hui, et sous les auspices de votre nom je les consacre à une œuvre secourable. –N’est-ce pas de mon mieux, monter combien ma pensée vous est constante, combien elle répond à vos souvenirs que d’aventureux messagers aériens "ludibria ventis" m’apportent dans l’orage ?

En ces jours pleins d’amères épreuves, j’éprouve aussi un charme doux et triste à laisser sur ce feuillet une trace de l’affectueuse estime que m’inspire l’élévation de votre caractère et de votre talent.

Max Radiguet

26 Xbre 1870.



L’an dernier, parcourant une ville de Bretagne avec quelques amis, nos regards rencontrèrent au dessus d’une porte ces mots : Ecole primaire tenue par monsieur X***. En ce moment même la porte s’ouvrit, éparpillant sur la rue le tourbillon joyeux et tapageur des écoliers. - Ce spectacle causa parmi nous des impressions bien différentes. A l’heure où s’agitent les questions d’enseignement, il devait se trouver là un défenseur des doctrines du progrès. Son discours amena des répliques ; une discussion s’engagea et les théories sociales de se faire jour. – Un officier de marine, notre aîné, jusqu’alors indifférent au débat, intervint tout à coup :

"Vous allez bien loin, ce me semble, chercher les conséquences d’une petite scène que nous offre le hasard ; pour moi j’y trouve simplement un souvenir des premières années de la vie. Ce souvenir n’a la prétention de se rattacher à aucun système, il n’a qu’un mérite, celui d’un charme lointain."

Nous racontant alors quelques épisodes de son enfance, il nous fit sourire et nous émut. Plus d’une fois nous eûmes l’occasion de le ramener à ce sujet qu’il traitait sans une nuance de scepticisme et avec la plus confiante sincérité. Il est des choses d’ailleurs qu’on n’invente pas. Ses paroles nous semblèrent contenir une monographie presque complète de l’école mutuelle. Nous avons essayé de les reproduire sans y ajouter une réflexion pour ne pas amoindrir leur saveur d’intime vérité. A ce titre surtout elles intéresseront peut-être ceux qui partagent le sentiment exprimé par un aimable et doux philosophe : - On ne recommence plus, mais se souvenir c’est presque recommencer.

24 juin 1870


Voir l’ensemble du texte.

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Voir aussi la thèse de Michel Chalopin sur L’enseignement mutuel en Bretagne de 1815 à 1850


Voir l’intervention de Goury devant le conseil municipal de Landerneau à l’origine de la création de l’école mutuelle.

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