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Centrale à gaz de Landivisiau. Recommandations du Conseil général de l’environnement et du développement durable : de nombreux points restent à éclaircir.

jeudi 26 juin 2014, par Gérard

Cet avis était attendu. Les nombreuses recommandations qu’il contient révèlent déjà des manques dans "l’étude d’impact unique réalisée sur le programme de travaux que constituent les projets de construction d’une centrale à cycle combiné gaz (CCG) de 446 MW à Landivisiau (29) par la compagnie électrique de Bretagne (CEB), de son raccordement par liaison souterraine de 18,3 km à 225 000 volts au réseau électrique sur le poste RTE de La Martyre, et de son raccordement sur 20 km au réseau de transport de gaz par GRTgaz".

Voir d’abord le communiqué de presse de l’Autorité gouvernementale :

Installation de production d’électricité par cycle combiné gaz à Landivisiau et ses raccordements (alimentation en gaz et transport d’électricité) (29)

L’avis porte sur l’étude d’impact unique réalisée sur le programme de travaux que constituent les projets de construction d’une centrale à cycle combiné gaz (CCG) de 446 MW à Landivisiau (29) par la compagnie électrique de Bretagne (CEB), de son raccordement par liaison souterraine de 18,3 km à 225 000 volts au réseau électrique sur le poste RTE de La Martyre, et de son raccordement sur 20 km au réseau de transport de gaz par GRTgaz.

La première recommandation de l’Ae porte sur la bonne information du public concernant la justification du choix d’une centrale à cycle combiné gaz (dimensionnée pour fonctionner en semi-base) dans le nord du Finistère, par rapport à d’autres options envisagées. Le principal enjeu du projet concerne, à ce titre, les conséquences positives ou négatives sur l’environnement des choix de production d’électricité, dans le cadre du « pacte électrique breton » l’Ae recommandant ainsi de présenter les impacts cumulés des trois projets avec les autres composantes du pacte.

La traversée de nombreux cours d’eau et de zones humides, les espèces et les habitats qui leurs sont inféodés, ainsi que la sécurité des biens et des personnes, la préservation des captages pour l’eau potable, les paysages et les continuités écologiques constituent les autres principaux enjeux des trois projets.

L’Ae a ainsi émis des recommandations sur le suivi à long terme des zones humides traversées, sur un plan de gestion des habitats naturels du site de la centrale et sur l’étude de l’intégration paysagère de la centrale par une étude du grand paysage prenant en compte l’impact paysager des hautes constructions.


Voir le détail de l’avis :

Remarque préliminaire concernant le choix technique :

"Pour l’Ae, il est souhaitable que, dans le dossier mis à l’enquête, le public dispose d’une information appropriée sur les principales solutions de substitution examinées et sur les raisons pour lesquelles, eu égard aux effets sur l’environnement ou la santé humaine, a été retenu, dans le cadre du pacte électrique breton, puis par l’État lors de l’appel d’offres, la construction d’une centrale à CCG, fonctionnant non seulement en pointe mais aussi en semi-base, et son implantation dans le nord du Finistère.

(Ce renforcement a fait l’objet d’un avis de l’Ae en date du 14 mai 2014. Un parti différent avait été adopté en 2007, lorsque RTE avait retenu au terme d’un appel d’offres une turbine à combustion pour une production de pointe uniquement et une plus faible puissance, projetée sur le site de Ploufragan dans les Côtes-d’Armor.)

Pour la bonne information du public, l’Ae recommande aux maîtres d’ouvrage de recueillir auprès de l’État les informations leur permettant de rappeler les raisons ayant conduit au choix, retenu dans l’appel d’offres, d’une centrale à cycle combiné gaz dans le nord du Finistère, par rapport à d’autres options envisagées.

Pour l’Ae, les principaux enjeux environnementaux de ce programme sont les suivants :

- les conséquences positives ou négatives sur l’environnement des choix de production d’électricité (polluants, déchets, gaz à effet de serre) dans le cadre du pacte électrique breton,

- la sécurité des biens et des personnes, ainsi que la préservation des captages pour l’eau potable,

- les cours d’eau et les zones humides, ainsi que la faune et la flore associés,

- les paysages,

- les continuités écologiques.

L’Ae recommande que les éléments disponibles des dossiers de dérogation « espèces protégées » (en particulier les inventaires faune-flore complémentaires et les compensations prévues) soient portés à la connaissance du public lors de l’enquête.

L’étude de l’intégration paysagère de la centrale gagnerait à être complétée par une étude du grand paysage, à laquelle l’Ae recommande de procéder.

L’Ae recommande que le public ait à sa disposition lors de l’enquête publique les informations contenues dans la demande de permis de construire, notamment les caractéristiques extérieures du bâtiment et son insertion paysagère.


Un autre texte à étudier de près : la loi n° 96-1236 du 30 décembre 1996 sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie.

Art. 1er. - L’Etat et ses établissements publics, les collectivités territoriales et leurs établissements publics ainsi que les personnes privées concourent, chacun dans le domaine de sa compétence et dans les limites de sa responsabilité, à une politique dont l’objectif est la mise en oeuvre du droit reconnu à chacun à respirer un air qui ne nuise pas à sa santé.

Cette action d’intérêt général consiste à prévenir, à surveiller, à réduire ou à supprimer les pollutions atmosphériques, à préserver la qualité de l’air et, à ces fins, à économiser et à utiliser rationnellement l’énergie.

Art. 2. - Constitue une pollution atmosphérique au sens de la présente loi l’introduction par l’homme, directement ou indirectement, dans l’atmosphère et les espaces clos, de substances ayant des conséquences préjudiciables de nature à mettre en danger la santé humaine, à nuire aux ressources biologiques et aux écosystèmes, à influer sur les changements climatiques, à détériorer les biens matériels, à provoquer des nuisances olfactives excessives.

Notre commentaire : comment faire respecter le "droit reconnu à chacun à respirer un air qui ne nuise pas à sa santé" en plaçant une centrale de cette nature à la proximité immédiate des lieux habités ?

Le rapport de l’Ae note que : "Une campagne de mesure de la qualité de l’air dans le secteur de Landivisiau a été réalisée et montre que les seuils réglementaires sont actuellement respectés sur tous les polluants étudiés".

Les questions à poser :

- quels polluants mesurés ?

- mesurés par qui ?

- mesurés sur quelle période et avec quelle fréquence ?


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Voir aussi sur le site de Gaspare :

Rapport du Commissariat général à la stratégie et à la prospective. 26 juin 2014.

Le Commissariat général à la stratégie et à la prospective, désormais appelé France Stratégie, créé en avril 2013 et qui s’est substitué au Centre d’analyse stratégique et est dirigé par l’économiste Jean Pisani-Ferry, vient de remettre un rapport, mercredi 25 juin 2014, à François Hollande. Ce rapport dessine les enjeux de « la France dans 10 ans ».

Nous pouvons lire page 122 : « …il paraît souhaitable, tant que le parc de production d’électricité sera en situation de surcapacité (c’est-à-dire au moins jusqu’en 2020), de limiter les nouveaux investissements de production d’électricité tout en poursuivant le développement des énergies renouvelables, notamment pour la production de chaleur… »

Noter quand même que ce rapport propose aussi la prolongation de la vie des centrales nucléaires actuelles et le renouvellement d’une partie d’entre elles. Ce que naturellement nous refusons.